Lorsqu’on s’intéresse au parcours des personnes ayant un trouble développemental du langage (TDL), un fil commun semble les réunir: la persévérance. Le parcours scolaire peut s’avérer difficile pour n’importe quel enfant. Imaginez lorsque dès le départ, ce dernier a de la difficulté à parler et à comprendre. Cette histoire, c’est celle vécue par plusieurs enfants. C’est aussi celle de Francis Lemay. Un jeune homme qui se bat depuis ses débuts pour atteindre ses objectifs. Malgré les nombreux défis, il prouve que réussir avec un trouble développemental du langage, c’est possible!
Obstacles et détermination, du primaire à l’université
Ses retards importants en langage ont teinté toute sa jeunesse parsemée d’embûches à plusieurs niveaux. Avec un trouble développemental du langage diagnostiqué vers l’âge de 3 ans, Francis Lemay a toujours dû mettre les bouchées doubles pour parvenir aux mêmes résultats que les autres enfants. «Ma détermination, jumelée au soutien de ma famille ont été la clé pour surmonter ces obstacles pour réaliser mes rêves.»
«J’ai complété ma première année dans une classe spéciale. Ça m’a pris 2 ans. Ensuite, j’ai changé d’école. Pas à pas, j’ai pu joindre les autres élèves en classe régulière. J’ai eu la chance d’être accompagné jusqu’à la fin de la 4e année. Ensuite, j’ai dû faire preuve de persévérance et démontrer ma capacité à réaliser mes travaux.»
Lacunes en lecture, en prononciation et en compréhension, difficultés motrices, Francis Lemay peine à réaliser ses travaux. En raison de ses difficultés de lecture, même les mathématiques sont complexes. Les exercices de résolutions de problèmes deviennent pour lui de véritables casse-têtes.
Cancer, TDL et persévérance
Comme si ce n’était pas assez, Francis Lemay apprend qu’il est atteint d’un cancer en 5e secondaire. «Malgré tout, je tenais à poursuivre mes études. Une semaine je suivais mes traitements de chimiothérapie et l’autre, j’allais à l’école. À cette époque, aucune ressource n’était disponible pour m’aider à rattraper le temps perdu. Mes parents et ma grand-mère ont joué un rôle déterminant. Ils m’ont beaucoup aidé. J’ai finalement réussi à compléter mon secondaire. Ma réussite, je leur dois en grande partie.»
Le grand déclic
«Ma mère est retournée à l’Université quand j’étais jeune et elle a obtenu son diplôme. La voir s’accomplir m’a beaucoup encouragé. Je voulais moi aussi avoir un diplôme universitaire.»
Aider : une vocation
«Depuis mon enfance, je reçois de l’aide. Naturellement, j’avais envie d’aider à mon tour. J’ai donc décidé d’entreprendre un baccalauréat en travail social. À l’époque, plusieurs personnes croyaient que je n’avais pas la capacité de réussir mon programme et d’obtenir un emploi professionnel. Déterminé, je voulais aller jusqu’au bout. À l’Université, le Bureau de soutien aux étudiants en situation de handicap m’a aidé, notamment en m’accordant un délai supplémentaire pour passer mes examens.»
Après avoir longuement persévéré, Francis Lemay obtient son diplôme. La démarche prend 6 ans, soit le double du parcours normal. «La discrimination que j’ai vécue lors de mes stages en raison de mon handicap explique en bonne partie ce délai.»
La règle d’or pour réussir
«Pour moi, il n’y a qu’une façon d’avancer et de se réaliser dans la vie. C’est d’avoir des objectifs à court ou long terme et de croire en nos capacités, malgré les obstacles. Tant que le rêve nous parle, on doit garder confiance. Si j’avais un conseil à donner, je dirais qu’il faut savoir bien s’entourer pour faire face aux embûches. Mes parents et mes amis m’ont toujours soutenu. Ils m’ont amené à développer une persévérance qui m’a permis de réaliser mes rêves moi-même.
Aujourd’hui, j’occupe un poste de travailleur social au sein de l’Association Québécoise De La Dysphasie Région Montérégie. C’est à mon tour et d’aider les plus vulnérables de notre société. Réussir avec un trouble développemental du langage, c’est possible!»